Etude #9:  la décennie de l’agriculture familiale et les organisations paysannes dans le monde.

Version en Anglais ici: https://moderndiplomacy.eu/2023/05/09/strengthening-professional-farmers-organizations-to-improve-family-farming-income/#_ftn2

Renforcer les organisations professionnelles paysannes pour conforter l’agriculture familiale et la diversité des systèmes alimentaires dans le monde 

Depuis 2019, l’organisation des Nations Unies a proclamé la décennie de l’agriculture familiale (2019-2028) avec pour objectif de la promouvoir en tant que modèle de développement pour l’agriculture et les zones rurales dans le monde entier.

L’agriculture familiale (AF) est en effet définie

L’agriculture familiale (AF) est en effet définie essentiellement sur des critères de fonctionnement, comme une forme d’agriculture où la famille est le principal exploitant agricole, et où la terre est souvent la principale source de subsistance pour la famille avec un capital indissociable du patrimoine familial (Cirad, 2017). Les agricultures familiales peuvent également être caractérisées suivant la taille de l’exploitation. Ainsi, pour les 81 pays dont les données sont disponibles, 94 % des exploitations familiales cultivent moins de cinq hectares, et la grande majorité cultive même moins d’un hectare (Comité Français pour la Solidarité Internationale (CFSI), 2018). Mais la taille est un critère très dépendant des contextes. Par exemple, une exploitation de 20 hectares est considérée petite en France, alors qu’elle peut être vue comme très étendue dans le contexte africain ou la moyenne est plus généralement comprise entre  2 et 5 ha ou même en Asie de l’Est où les fermes ne compte en moyenne qu’un seul hectare.  L’AF est encore aujourd’hui largement répandue dans le monde entier, puisqu’il est admis qu’elle représenterait plus de 90% des fermes dans le monde soit à peu près 500 millions de ménages agricoles (ONU, 2018) c’est à dire plus de 2 milliards de personnes. Ces données sont bien sûr sujettes à de nombreuses interprétations suivant les méthodes statistiques d’estimations de recensements utilisées. La part de la production de l’agriculture familiale dans la production alimentaire mondiale varie ainsi selon les sources, mais elle est généralement estimée à environ 70% à 80% (FAO, 2019. Cirad, 2017). Elle joue donc un rôle indispensable dans la production et la sécurité alimentaire mondiale. La qualité de la biodiversité et la gestion des ressources naturelles est également un élément clé du fait  des liens étroits avec le milieu et la notion de patrimoine à transmettre à ses descendants, incitant ainsi les agriculteurs familiaux à gérer de façon prudente les ressources du milieu. Face au changement climatique, l’agriculture familiale, grâce à sa flexibilité peut adapter ses cultures en fonction des aléas climatiques ou des marchés. Elle est ainsi souvent plus résiliante et possède une certaine capacité d’innovation lui permettant d’assurer la production sans utiliser de nombreux intrants chimiques ni d’importantes ressources en eau (CFSI, 2018).

Cette décennie supporté par le Forum Rural Mondial (FRM) s’est donc donnée pour but de renforcer les politiques, les programmes et les investissements en faveur de l’agriculture familiale afin de favoriser l’amélioration des conditions de vie des familles agricoles et de maintenir un équilibre social dans les espaces ruraux. Elle vise également à promouvoir la durabilité environnementale et la résilience économique des systèmes agricoles familiaux. 

D’autre part, plusieurs projets internationaux d’envergures ont émergé avec pour objectifs de renforcer et de professionnaliser les organisations paysannes. En effet, l’agriculture demeure un pilier essentiel des économies des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique où prédomine l’agriculture familiale. Or, dans ces régions, des millions de petits exploitants et de producteurs ruraux sont peu intégrés dans les filières et peu organisés, avec des embryons de regroupement (surtout au niveau local).  L’idée de ces programmes est en partant d’initiatives locales, de favoriser l’émergence d’organisations paysannes plus larges dont la mission serait de représenter leurs membres dans les processus décisionnels aux niveaux nationaux et régionaux et de renforcer la mise à disposition de services techniques et économiques.

Les organisations paysannes, dans leurs versions professionnelles sont assez anciennes et répandues dans le monde entier. En Europe ou dans les pays occidentaux, les différents mouvements professionnels agricole ont été très structurant, principalement en raison de leur environnement économique et institutionnel favorable (Union Européenne). Dans les pays du Sud au contraire, les organisations paysannes peuvent souvent rencontrer des difficultés liées au manque de soutien gouvernemental, de lois défavorables ou de ressources économiques insuffisantes.

L’organisation collective des agriculteurs permet en effet théoriquement de peser favorablement sur les prix des intrants et des productions vendues, leur permet de négocier avec les pouvoirs publics, d’accéder à des services et technologies accessibles et de promouvoir des pratiques de développements agronomiques et écologiques plus saines.

Pour ces raisons, au début des années 2000, un projet de coopération technique pour les communautés agricoles, lancé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), abouti à la création du « Forum Paysan » en 2005. Le Forum Paysan est un processus ascendant de consultation et de dialogue entre le FIDA, les gouvernements et les Organisations Paysannes (OP). Il est axé sur le développement rural et vise à renforcer les capacités au sein de ces Organisations Paysannes dans les programmes de chaque pays et projets d’investissement. Se réunissant tous les deux ans, cette initiative permet entre autre, de renforcer la visibilité des différentes actions des organisations de producteurs et de bénéficier de dialogue commun avec les ministres de l’agriculture de chaque pays lors du Conseil des Gouverneurs du FIDA.

Parallèlement aux instances de dialogues multiculturels du Forum Paysan au niveau mondial et régional, des projets ont été mis en place sur le terrain pour renforcer les organisations paysannes. Ainsi, le FIDA, avec plusieurs autres bailleurs de fonds (Union Européenne, Direction Développement et Coopération Suisse, Agence Française de Développement), s’est engagé dans un partenariat avec les organisations paysannes se traduisant par des subventions, notamment en Afrique avec le Programme dAppui aux Organisations Paysannes en Afrique (SFOAP) ainsi qu’en Asie avec le Programme de coopération à moyen terme avec les organisations paysannes en Asie et en Pacifique (projet MTCP1 , MTCP2 puis AFOSP).

Mis en oeuvre en 2009/2010, le projet MTCP1 (Medium Terms Coorpération Program) avec 1.5 million de Dollard USD alloué, couvrait 12 pays : le Bangladesh, le Bhoutan, le Cambodge, l’Inde, l’Indonésie, le Laos, le Myanmar, le Népal, les Philippines, le Sri Lanka, la Thaïlande et le Vietnam pour un montant de 1,5 millions de dollars américains. Avec comme objectifs ; l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la réduction de la pauvreté rurale et la promotion du développement durable des zones rurales en renforçant les capacités des acteurs du secteur agricole. Il met l’accent sur l’autonomisation des petits agriculteurs et des communautés rurales, en leur permettant d’accéder à des informations et à des technologies pertinentes, en renforçant leurs capacités organisationnelles de négociation. 

Les financements se sont orientés sur le soutien de deux types d’organisations paysannes, les organisations de plaidoyer, visant à l’amélioration des lois en faveur de l’agriculture familiale et les organisations de services agricoles, visant à accroitre les services techniques et économiques à leurs membres.

Les organisations de types plaidoyer, généralement sous forme de syndicats agricoles jouent un rôle important dans la défense des intérêts des agriculteurs et dans la promotion de leur développement économique, social et environnemental. Les syndicats participent à la défense des droits des paysans, en veillant à ce qu’ils bénéficient de conditions de travail décentes. Ils représentent également leurs intérêts auprès des gouvernements, des entreprises et autres parties prenantes, et peuvent aussi négocier par exemple des accords régionaux sur les marchés de produits agricoles ou améliorer les lois foncières au plan national. Ces organisations constituent donc des acteurs clé pour le maintien d’une agriculture durable, juste et équitable.

Les organisations de services agricole quant à elle sont des associations existantes sous diverses formes (coopératives, organisations à but non lucratif ou entreprises sociales) crées par les agriculteurs pour fournir des services  à leurs membres. Elles permettent par exemple d’effectuer des achats groupés de fournitures agricoles, d’appuyer la commercialisation des produits agricoles en fournissant des services de transformation, d’emballage et de transport. Les associations de services agricole peuvent également organiser des formations sur les techniques agricoles, la gestion d’entreprise pour aider leurs membres à améliorer leurs pratiques agricoles ou encore les aider en négociants des prêts à des taux d’intérêts préférentiels.

En résumé, ces deux types d’organisations paysannes sont deux piliers importants dans le soutien de l’agriculture car ils offrent d’une part, une voix collective pour la défense des intérêts des agriculteurs et d’autre part, des avantages économiques et sociaux à leurs adhérents. Elles peuvent ainsi aider à renforcer la résilience des communautés rurales et promouvoir le développement agricole de façon soutenable. Ces fonds de MTCP étaient ainsi aussi bien alloués au soutien qu’à la structuration de nouvelles associations peu ou pas encore établie. Généralement, les financements étaient relativement modestes (quelques dizaines de millier de dollar) mais permettaient par exemple pour ces associations d’avoir la possibilité de renforcer leur secrétariat, auditer leurs comptes ou louer un bureau …

Fort du succès et des acquis de la première phase, le MTCP2 a été déployé de 2013 à 2019 (20 millions USD). Sur une échelle plus importante (20 pays d’Asie et Pacifique), Il comprenait trois Organisations Paysannes (OP) internationales et régionales (Pacifique, Asie du Sud-Est et Asie du Sud), 94 OP nationales, 895 OP infranationales (provinciales, départementales, etc.) et près de 24 000 000  d’agriculteurs individuels de 20 pays en couvrant les pays suivants sur trois sous régions Asiatiques : 

  • Région Pacifique : Fidji, Samoa, Vanuatu, Îles Salomon, Tonga, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Kiribati, Îles Marshall, Nauru, Niue et Tuvalu (375 000 exploitations familiales)
  • Région Asie du Sud : Népal, Sri Lanka, Inde, Bangladesh, Pakistan, Bhoutan et Afghanistan  (200 millions exploitations familiales)
  • Région Asie du Sud-Est et de l’Est : Philippines, Indonésie, Cambodge, Myanmar, Laos, Vietnam, Chine et Thaïlande (200 millions exploitations familiales)

Le programme est entièrement géré par les OP et des gains concrets en matière de plaidoyer politique ont été réalisés, au profit de ces millions d’agriculteurs. Le succès à été particulièrement apprécié dans les pays faisant partie de la communauté économique de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) qui, comme beaucoup de ces organisations interétatiques, organise beaucoup de réunion interministérielles chaque année en promulguant un dialogue important avec les organisations paysannes. Ces réunions ont aussi permis de donner un levier supplémentaire à ces OP ayant désormais non seulement une influence dans leurs pays respectifs mais aussi sur un ensemble plus vaste en terme de décision de politique régionale, car tous ces pays échangent entre eux des produits et services agricoles très importants.

Finalement, le programme Asia-Pacific Farmers Program (APFP), développé en 2018 et jusqu’à cette année 2023, s’appuie sur la couverture de la phase 2 du programme de coopération à moyen terme (MTCP2), en étendant son champ d’action à six autres pays, apportant au total une couverture régionale dans 29 pays. Le programme tire parti des capacités institutionnelles et opérationnelles des OP renforcées au cours du MTCP2 et continue à investir dans l’élargissement inclusif de l’adhésion des OP à tous les niveaux ; cela comprend le renforcement des capacités des OP à fournir des services techniques, consultatifs et financiers axés sur les membres de manière durable et la promotion de la participation directe des OP aux programmes de développement, en particulier ceux soutenus par le FIDA et l’UE. L’APFP est donc conçu pour cibler et atteindre les agriculteurs et les producteurs ruraux, en particulier les petits exploitants et les agriculteurs/producteurs vulnérables (et leurs ménages), par l’intermédiaire de leurs organisations paysannes. 

Pour le continent Africain, sur cette même période, des initiatives équivalentes, également supervisé et financé par le FIDA et la Commission Européenne et soutenues techniquement par la FAO et le Centre Technique de coopération Agricole et rurale (CTA) ont été mise en place pour la région Subsaharienne de l’Afrique. Une première phase pilote nommée Programme dAppui aux Organisations Paysannes Africaines (PAOPA) de 2009 à 2012 et soutenant 55 organisations paysannes nationales (OPN) dans 39 pays, abouti ensuite lors de sa phase 2 à la création de lOrganisation paysanne panafricaine (PAFO) en 2019.

Les activités du PAOPA se sont articulées autour du renforcement des compétences des Organisations Paysannes ainsi qu’à la formulation de politiques plus adéquates. 

En outre, ce renforcement des organisations paysannes s’est traduit par la fourniture d’outils stratégiques tels que des textes statutaires et des bases de données pour l’enregistrement des membres affiliés, la mise à disposition de personnel, de matériel et de ressources ainsi que des formations.

La composante « participation à la formulation de politiques adéquates» a quant à elle réalisé des études et des analyses sur leurs politiques agricoles, organisé des rencontres visant à dégager des positions de principe communes et ainsi mener des activités de plaidoyer et de lobbying auprès des instances officielles.

Ces organisations ont constitué quatre réseaux régionaux en Afrique: 

  • East African Farmers Federation (EAFF); 
  • Plateforme sous- régionale des organisations paysannes dAfrique centrale (PROPAC); 
  • Réseau des organisations paysannes et de producteurs de lAfrique de lOuest (ROPPA);  
  • Southern African Confederation of Agricultural Unions (SACAU).

Les réseaux régionaux jouent incontestablement un rôle croissant dans l’élaboration des politiques régionales et panafricaines de développement agricole et de sécurité alimentaire. Elles sont de mieux en mieux reconnues comme les représentants du monde paysan. En appuyant à la fois les OP régionales et nationales, le PAOPA a donc rapproché les organisations paysannes régionales (OPR) de leurs membres affiliés nationaux et a contribué à la coordination des initiatives nationales et régionales visant à promouvoir les questions de politique d’intérêt commun.

Les travaux ont donc permis de renforcer ces associations qui comptent désormais plus de membres et sont donc d’avantage présentes auprès des gouvernements et/ou des institutions financières internationales (banque mondiale, FIDA). 

Parallèlement, des pratiques anciennes ont pu être modernisées. Suite aux participations soutenues à ces réunions débouchant sur une mise en relations d’un nombre important d’agriculteurs et de diverses parties prenantes entre elles, une forme d’agriculture dite contractuelle, préexistante, à pu également être revaloriser. Cette méthode, de contractualisation pour la production et/ou la vente de produits agricoles entre agriculteurs et acheteurs permet à l’agriculture familiale et à l’agriculture d’affaires de travailler ensemble de manière à ce que les deux parties puissent bénéficier de la relation. En effet, l’agriculture familiale est souvent limitée dans ses capacités de production et de commercialisation, et elle peut avoir des difficultés à atteindre les marchés locaux et internationaux. D’un autre côté, l’agriculture d’affaires (agri-business) dispose souvent des ressources  économiques nécessaires pour augmenter la production et atteindre les marchés, mais elle peut ne pas avoir la capacité foncière suffisante et/ou les connaissances locales des agriculteurs familiaux. L’agriculture contractuelle permet de combiner les avantages des deux types d’agriculture en créant un système de collaboration mutuellement bénéfique et réduisant ainsi les risques pour les petits producteurs agricoles en leur fournissant un marché stable et prévisible pour leurs produits.

Aujourd’hui, prenant appui sur les activités, les retombées et les enseignements tirés de ces programmes, le programme FO4ACP (Facility for Organizations in support of Agricultural Productivity and Competitiveness) est le fruit de la collaboration de l’ensemble des acteurs concernés et s’établi cette fois à plus grande échelle, dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Ce programme a été lancé en 2019 pour une durée de cinq ans et couvre 79 pays ACP. Il s’appuie sur le consortium des agri-agences AGRICORD (Bruxelles). Il ambitionne là encore de renforcer les capacités des organisations de producteurs, d’améliorer leur gouvernance, de favoriser leur participation aux politiques agricoles et de promouvoir l’innovation agricole, notamment en matière de production, de transformation et de commercialisation des produits agricoles.

En conclusion, les retombés de ces types de programmes sont très nombreuses ; aujourd’hui, grâce au soutien et au développement de ces organisations paysannes, les « petits agriculteurs » ont un accès plus important à des services de conseil technique ou de gestion de l’exploitation familiale, d’expérimentation et d’innovation, de mise en oeuvre de projet d’infrastructure de base ou bien même de formation ou d’alphabétisation. Grace à la création de ces groupements, dans le même temps, ceux ci ont des facilités pour s’orienter sur des activités économiques nouvelles, souvent de commercialisation ou d’approvisionnements collectifs, contribuant ainsi activement à une amélioration des conditions économiques des producteurs. 

Sur le plan politique et institutionnel, les organisations paysannes ont gagné en légitimité et sont devenues incontournables dans les débats portant sur les politiques publiques et sur les lois concernant le secteur agricole. Un des grands acquis de cette consolidation est la reconnaissance de l’agriculture familiale comme un vrai modèle de développement du secteur dans la politique agricole de ces pays. Ces projets ont permis également de renforcer la coopération dite Sud-Sud. Ces échanges de ressources, de connaissances, d’expertise et de technologies entre les pays sont un moyen de résoudre les problèmes qui les affectent, en s’appuyant sur leurs propres expériences et leurs propres expertises. Les avantages de cette coopération Sud-Sud comprennent une plus grande autonomie et une réduction de la dépendance à l’égard de l’aide étrangère, une augmentation de la capacité des pays en développement à résoudre leurs propres problèmes et à atteindre leurs objectifs de développement, ainsi que la création de partenariats solides entre ces pays du Sud.

Avril 2023

Par Benoit Thierry – Directeur IdealDev, agence internationale en appui au développement rural et aux collectivités locales, 75010 Paris, https://idealdev.org/

Et Camille Briel, Consultant, Ingénieur agro-économiste ISTOM, 38160 St Pierre de Cherennes, France

References:

1. https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cennie_des_Nations_unies_pour_l%E2%80%99agriculture_familiale

2. https://www.familyfarmingcampaign.org/fr/

3. https://www.pafo-africa.org/

4.pour aller plus loin, lire le guide juridique sur l’agriculture contractuelle (UNIDROIT/FAO/FIDA, 2015) ; https://www.unidroit.org/fr/instruments/agriculture-contractuelle/presentation/

5.  https://www.agricord.org/en

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